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Comptabilité générale

X. 39. La liste des actifs est fondamentalement hétérogène

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Nous avons appris à préparer le compte de résultat et le bilan de chaque exercice.

Ces documents sont très puissants pour donner immédiatement une vue d'ensemble des performances de l'entreprise.

Il est temps maintenant de voir aussi leurs limitations.

Voici un bilan.

balance sheet

Le nom de "valeur nette" donné aux capitaux propres au passif (370) repose sur l'idée que c'est la valeur totale des actifs correctement amortis et dépréciés (650) diminuée des dettes financières (150) et commerciales (130), et que c'est donc en quelque sorte la "valeur nette de toute dette" que possèdent les actionnaires.

Nous avons vu cependant dans ce cours (cf. par exemple leçon 5) que la valeur de l'entreprise pour un acheteur n'a en réalité pas grand chose à voir avec cette valeur nette. Elle peut être inférieure, comme elle peut être bien supérieure. Répétons que la valeur d'une entreprise pour ses actionnaires comme pour un acheteur est fondée sur la série de cash flows à venir qu'elle produira. Il faut par ailleurs prêter attention au fait que si l'entreprise présente des synergies avec d'autres activités de l'acheteur il faut prendre en compte la variation des autres cash flows de l'acheteur. Rappelez-vous : si vous achetez une clé ouvrant un coffre rempli d'or que vous possédez vous serez prêt à la payer bien plus que le coût du métal et du façonnage de la clé.

En outre nous allons voir dans cette leçon que la liste des actifs est fondamentalement hétérogène. Et leur somme n'a pas grande signification.

C'est davantage une "liste à la Prévert" que la présentation d'une quelconque valeur intrinsèque de l'entreprise.

Et comme nous venons de le voir le prix qu'un acquéreur sera prêt à payer pour acheter l'entreprise ne résulte pas du tout de la liste des valeurs des actifs et des dettes, mais est déterminé à l'aide de calculs sur les "cash flows supplémentaires" que l'achat déclenchera pour l'acheteur.

 

 

Distinguons trois catégories d'actifs :

  1. l'argent en caisse et à la banque, plus les titres financiers à court terme, plus le papier client

  2. les stocks

  3. les immobilisations

 

 

Rappelez-vous que tous les actifs sont enregistrés dans le bilan à leur coût d'acquisition.

Pour l'argent en caisse et à la banque, c'est naturellement leur "prix de marché".

C'est vrai, ou presque vrai, aussi pour les titres φ CT (lire "titres financiers à court terme"), c'est-à-dire par exemple les sicav de trésorerie, car nous avons vu dans la leçon précédente qu'ils sont très liquides. Les titres financiers à court terme s'appellent aussi "valeurs mobilières de placement".

Pour le papier client, la valeur enregistrée au bilan est là encore presque exactement sa valeur de marché. Le bon papier client peut être vendu à tout moment avec un léger escompte (pour prendre en compte le délai de paiement, le risque client et le service rendu).

Ce qui est plus courant avec le papier client, néanmoins, est de l'utiliser en garantie (on dit aussi "en gage") d'emprunts à court terme. Nous traitons ceci dans un autre cours sur la finance.

 

 

Le cas des stocks.

Supposons, par simplicité, que l'entreprise en considération est l'habituelle boutique. Les stocks sont enregistrés à leur prix d'achat (appelé aussi prix de gros ou prix usine), pas à leur prix de vente (appelé aussi prix de détail), c'est-à-dire qu'ils sont valorisés à leur valeur sortant du grossiste ou du producteur, pas à leur valeur finale pour la clientèle.

Le processus fondamental de création du profit par la boutique est d'acheter à un prix et vendre à un autre prix plus élevé.

La différence entre la valeur au détail du stock et sa valeur au prix de gros est égale à la somme des deux éléments suivants :

 

 

Les immobilisations sont enregistrées à leur coût d'acquisition.

assets

Ordinairement nous n'avons pas l'intention de vendre des immobilisations. Aussi, cela n'a pas d'importance mais le fait est que dans la plupart des cas leur valeur de marché aujourd'hui n'est pas la valeur enregistrée dans les livres.

C'est particulièrement vrai des terrains.

 

 

Le processus de génération du profit est à travers la vente.

On peut distinguer deux type de ventes (il ne s'agit pas de la dichotomie comptant / à crédit ) :

Le profit correspond toujours à une augmentation de valeur. Si j'achète aujourd'hui un timbre de collection 50 €, et que quelques mois plus tard le catalogue Yvert et Tellier me dit qu'il vaut à présent 70 €, la valeur de mon timbre a augmenté de 20 €. Ai-je fait un profit ? Ai-je fait seulement un "profit potentiel" ?

Une règle fondamentale de la comptabilité (qui est une conséquence des règles listées dans la leçon 27) énonce que le profit est comptabilisé seulement au moment de la vente, c'est-à-dire de la retransformation de l'article ou du bien en cash, pas avant.

 

 

D'un autre côté, cependant, si on constate une perte de valeur importante d'un actif, suivant la règle de prudence nous devons passer une écriture dès la fin de l'exercice au cours duquel on l'a constatée (à l'aide des régularisations) pour enregistrer cette perte dans nos livres.

 

 

Le cas des actifs financiers est particulier. Si nous conservons dans nos actifs un portefeuille de titres financiers (à long terme et à court terme) avec l'intention de faire des opérations financières (ventes et achats) les règles générales de la comptabilité en comportent une autre (que nous n'avons pas mentionnée dans la leçon 27) qui s'appelle "mark-to-market" et qui autorise sous certaines conditions, via des régularisations, à valoriser dans nos comptes ces actifs financiers à leur valeur courante de marché.

Mais cette idée – qui s'éloigne de huit siècles de pratiques comptables – est difficile à mettre en œuvre :

 

 

La crise des subprimes a été causée par des banques américaines qui achetaient des prêts immobiliers à des gens non solvalbles basés sur le fait que leurs logements fournissaient une garantie satisfaisante. Comme au début des années 2000 aux Etats-Unis on était dans une bulle immobilière (activée pour partie par ces prêts !) cela paraissait sans risque. Les prêts étaient ensuite titrisés (c'est-à-dire emballés en paquets de crédits de risques calibrés divers) et revendus dans le monde entier.

Quand certains de leurs actifs financiers perdirent de leur valeur, la procédure "mark-to-market" précipita des banques vers la faillite, bien qu'il ne s'agît pas d'une perte irrémédiable (comme un incendie) mais seulement de fluctuations de marché. Dans certains cas les actifs incriminés regagnèrent leur valeur après la faillite.

 

Pour résumer :

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