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Comptabilité générale

IV. 14. Le cycle annuel : journal → comptes → balance → régularisations → compte de résultat et bilan

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Texte

 

 

Nous avons commencé à étudier dans le détail la mécanique de la comptabilité en partie double. Nous n'avons pas encore fini. Faisons cependant une pause et prenons un peu de recul pour avoir une vue d'ensemble de l'activité des entreprises.

 

 

Les entreprises ont une date de démarrage (une "date de naissance") et ensuite, en théorie, fonctionnent pour toujours. C'est pourquoi elles portent, en anglais, le nom de "going concerns". Les procédures comptables tiennent compte du fait qu'il y aura toujours de nouvelles opérations dans l'avenir.

Du point de vue de la comptabilité, la vie d'une entreprise est découpée en périodes comptables régulières, appelées des "exercices". Ce sont souvent les années calendaires.

Le management (= l'équipe de direction) suit d'un exercice à l'autre les performances de l'entreprise. Elle les compare aussi à celles d'entreprises concurrentes quand c'est possible et significatif (entreprises de structures comparables).

 

 

Chronologie

timeline

Au début de la première année – nous supposons que les exercices sont les années calendaires – nous démarrons la comptabilité avec un ensemble de pages blanches. La première opération, c'est-à-dire la première transaction, est toujours celle où les propriétaires versent le capital initial de l'entreprise sur son compte en banque. Le "compte de banque" (dans la comptabilité de l'entreprise) est débité de cette somme, et le "compte de capital" est crédité de la même somme. Le compte de capital enregistre les "reçus" donnés aux propriétaires en échange du capital. Ces reçus s'appellent des "actions".

Durant la première année, nous enregistrons toutes les transactions (dans le journal puis dans les comptes) et à la fin de l'année nous calculons un "compte de résultat" pour l'ensemble de l'année, ainsi qu'un "bilan" à la fin de l'année.

Le compte de résultat est un document présentant les ventes de l'année, et les charges correspondantes tout au long de l'année pour produire ces ventes. La différence est le bénéfice de l'année. Le bilan est, lui, une photographie à la fin de l'année de ce que l'entreprise possède et de ce qu'elle doit à cette date.

 

 

Le cycle comptable annuel

Il peut être représenté de la manière suivante :

process
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Durant chaque période comptable (= exercice), nous notons les transactions, tout d'abord dans l'ordre chronologique dans le journal. Puis nous enregistrons chaque transaction dans deux comptes.

Le livre formé par l'ensemble des comptes s'appelle le grand livre.

A la fin de l'exercice, nous transférons une partie des informations contenues dans les comptes vers un document préliminaire appelé la balance. C'est la liste des soldes de chaque compte. Par exemple si le compte de caisse a un total de 450 € dans la colonne débit, et un total de 300 € dans la colonne crédit, son solde est de 150 € en débit.

Cette balance est ensuite ajustée avec des régularisations qui sont d'autres transactions "internes", ne correspondant pas à des échanges commerciaux, pour calculer aussi précisément que possible les coûts (= les valeurs consommées) de l'entreprise durant l'exercice pour produire les ventes.

C'est à ce moment-là par exemple que nous calculons les amortissements des machines et les incluons dans les coûts de l'exercice. Nous étudierons tout cela en détail dans les leçons à venir. Pour l'instant nous prenons seulement une vue d'ensemble des procédures comptables, pour voir où nous en sommes dans notre apprentissage et où nous nous dirigeons : nous avons étudié le journal, les transactions et les enregistrements dans des comptes. Dans les leçons à venir nous étudierons les soldes des comptes, la balance, les régularisations, etc.

Finalement, à partir de la balance régularisée, appelée la balance finale, nous extrairons le compte de résultat et le bilan (leçons 24 et 25).

 

 

Compte de résultat. A la fin de chaque exercice la compta en partie double produit donc un compte de résultat présentant les ventes et les coûts correspondants.

La différence entre les ventes et les coûts s'appelle le bénéfice (ou la perte), ou encore le profit (ou la perte) de l'exercice. On l'appelle aussi le résultat net. Les Anglo-Saxons utilisent aussi le terme informel mais expressif de bottom line (= "ligne en bas").

Terminologie : le compte de résultat inclut le compte d'exploitation (= les opérations normales de l'entreprise), mais aussi les opérations financières et les opérations exceptionnelles éventuelles.

 

 

Bilan. A la fin de chaque exercice, la compta produit aussi le bilan. C'est une présentation organisée de tout ce que l'entreprise possède (= ses actifs) et de tout ce qu'elle doit (= son passif).

Terminologie : certains auteurs appellent les actifs de l'entreprise "les emplois", et le passif "les ressources".

Dans ce cours, nous continuerons à utiliser les termes actif, ou actifs, et passif que nous trouvons plus explicites et moins ambigus. Les termes emplois et ressources sont en effet utilisés aussi dans les analyses de cash flows, c'est-à-dire de flux de trésorerie, dans un sens différent.

 

 

Les exercices comptables (suite)

C'est pourquoi on peut dire qu'un compte de résultat s'apparente à un film, tandis qu'un bilan est une photographie.

Il est commode et naturel cependant d'utiliser des périodes de douze mois pour les exercices, soit des années calendaires (du 1er janvier au 31 décembre) soit des années décalées comme par exemple du 1er mars au 28 ou 29 février.

En outre, calculer ces "documents de fin d'année" (compte de résultat et bilan) demande beaucoup de travail une fois l'année finie. Les calculs sont souvent terminés seulement en mars ou avril. C'est la raison pour laquelle les rapports annuels des grandes entreprises cotées en Bourse, avec des exercices allant du 1er janvier au 31 décembre, ne sont publiés qu'en avril ou mai de l'année suivante.

 

 

Pourquoi les exercices de douze mois sont les plus commodes ?

Réponse : car les opérations d'une entreprise peuvent être comparées significativement d'une période de douze mois sur l'autre. Tandis que si nous comparons par exemple un trimestre à un autre la saisonnalité pourra rendre la comparaison dénuée de signification. La même remarque s'applique si nous utilisons des périodes de neuf mois, ou pire encore des périodes de durées différentes.

 

 

Le partage des revenus. Les revenus (au sens de flux d'argent ou de valeur entrant) d'une année sont partagés en quatre parts :

  1. ce qui va aux fournisseurs : les dépenses en matières premières et autres fournitures auprès d'agents externes
  2. ce qui va aux employés : les salaires et charges (les charges sont la contribution de l'entreprise au fonds de retraite des employés, à l'assurance médicale, etc.)
  3. ce qui va à l'Etat : les impôts (principalement la TVA et l'impôt sur les bénéfices)
  4. ce qui va aux propriétaires : le reste, c'est-à-dire le profit

Par définition, [part 2 + part 3 + part 4] = la valeur ajoutée de l'entreprise.

Le produit intérieur brut (PIB) d'un pays, pour une année donnée, est la somme des valeurs ajoutées de toutes ses entreprises et assimilées durant l'année.

 


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La logique traditionnelle des propriétaires est

 

 

La logique traditionnelle des employés est

 

 

Ceci a toujours conduit historiquement à des conflits. Les deux sources principales de conflits sont

  1. les améliorations de productivité
    • remplacer les ouvriers par des machines en général réduit les coûts de production
    • depuis le début de la Révolution industrielle cela a conduit à des conflits violents
    • deux des plus célèbres sont le mouvement des Luddites en Angleterre en 1811, et la révolte des Canuts en France en 1831
    • tous les deux eurent lieu dans l'industrie textile, qui est le secteur économique dans lequel la Révolution industrielle a démarré

  2. les transferts d'activité vers des régions moins chères (en anglais "offshoring")
    • la globalisation de l'économie mondiale conduit certaines entreprises occidentales à transferer les activités consommant beaucoup de travail vers des régions où la main-d'œuvre est moins chère
    • c'est une des causes du chômage dans les pays occidentaux
    • la logique capitaliste dit : "C'est une occasion géniale ! Les ouvriers mis au chômage pourront faire quelque chose à plus forte valeur ajoutée et toute notre économie en profitera."
    • mais on ne change pas du jour au lendemain de métier et de compétences
    • de plus, la plupart des gens n'ont pas l'âme d'entrepreneurs et ont besoin d'un patron pour leur dire quoi faire

 

 

La vision au XXIe siècle. Ces analyses sont pour une bonne part obsolètes. En effet, la robotisation croissante des activités industrielles et commerciales réduit naturellement les besoins en main-d'œuvre. Le rêve d'une vie sans ou avec peu de travail (comme avant la révolution néolithique quand les chasseurs-cueilleurs ne travaillaient nous dit-on que trois ou quatre heures par jour) est à nouveau accessible, mais à une condition : que la richesse produite par les robots n'aille pas seulement dans la poche de leurs propriétaires, mais soit partagée par tous.

La pensée libérale traditionnelle est encore choquée par la réduction du temps de travail vers 30 heures hebdomadaires ou moins, et par la protection sociale qui est parfois telle qu'elle décourage de travailler. Cependant l'idée d'un revenu minimum universel (entre 500 et 1000 euros par mois et par personne) est une idée d'avenir étant donné que de plus en plus de richesses seront produites sans travail. En 2017, la Finlande teste un revenu universel. La Suisse a organisé début juin 2016 une votation sur l'instauration d'un revenu universel, pour les Suisses, de 2260 euros par mois. Celle-ci n'est pas passée, mais ces idées nouvelles sont en marche dans de nombreux pays.

Ce n'est pas le stade ultime d'un état-providence détruisant insidieusement la société, mais au contraire une réorganisation sociale car la richesse sera de plus en plus produite sans travail humain.

Du reste il y a déjà beaucoup de choses produites par la nature sans travail humain : les fruits sauvages, la lumière et le vent, l'énergie des torrents. L'homme a simplement augmenté le rendement de la nature avec les vergers et plus généralement l'élevage, l'agriculture et l'industrie. Les conséquences en ont été pour une part bénéfiques et pour une part délétères. Nous nous sommes civilisés et enrichis. Mais la taille moyenne de l'homme actuel est plus petite que celle de l'homme du paléolithique. L'homme actuel souffre de problèmes de santé que ne connaissait pas son ancêtre. Seulement au XXe siècle sa longévité a dépassé celle de l'homme préhistorique. La nature souffre aussi beaucoup de son exploitation maritime, minière, agricole et industrielle "rationnelle" : pollution des mers, des terres et des airs, bruit, détérioration des environnements, appauvrissement de la flore et de la faune, etc.

Sans développer ces sujets, observons simplement que l'idée d'avoir des usines produisant automatiquement des voitures ou des téléphones portables est du même type que celle de produire des fruits dans un verger ou des pièces de tissu avec un métier à tisser motorisé.

Naturellement l'idée révolutionnaire de revenu minimum universel qui gagne du terrain fera l'objet d'âpres discussions. Par exemple, les partisans de la logique de marché s'appliquant partout feront observer que les robots rendront les produits fabriqués beaucoup moins cher, ce qui est équivalent à partager les profits qu'ils engendrent. Les opposants à la logique de marché appliquée partout retorqueront que c'est cette logique de marchandisation à outrance qui a conduit à une dégradation alarmante de la biosphère dans laquelle vivent les êtres humains, les animaux et les plantes.

Ce serait une erreur de croire que le revenu universel est simplement soutenu par les progressistes de gauche et critiqué par les libéraux de droite. C'est plus compliqué que cela : Milton Friedman qui était indiscutablement classé à droite soutenait l'idée d'un revenu universel sans contrepartie, et des économistes ou personnalités classés à gauche la critiquent comme un premier pas vers le démantèlement de la Sécurité sociale.

On peut voir la question sous l'angle suivant: doit-on travailler pour vivre? ou bien seulement travailler si on veut vivre mieux? Après tout il y a encore beaucoup de choses gratuites: l'air qu'on respire, les bains de mer, les baies sauvages, etc. Certains pensent que les moyens de subsistance minimale devraient aussi être gratuits. Ils soulignent que les chasseurs-cueilleurs travaillaient peu, que l'idée qu'il faut à tout prix travailler est une idée qui bénéficie surtout aux puissants qui dirigent les sociétés (qu'ils soient ecclésiastiques ou laïcs), et qu'elle est moins naturelle qu'il n'y paraît.

Des idées comparables animent les partisans du mouvement Droit au Logement (DAL).

Nous mentionnons ces idées pour nourrir un débat, pas pour prétendre le régler.

Nous considérons qu'avoir une activité (bien rémunérée ou pas) est un bonheur comparé à l'inaction, mais c'est une opinion personnelle de l'auteur.

Laissons là le débat, retenant seulement que le lien ancestral entre travail et revenu, qui date de la révolution néolithique, vit peut-être ses derniers moments.

 

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