Pont-Saint-Esprit Pascal Piéjak veut créer une monnaie spécifique à la ville

THIERRY MBOM
19/06/2012, 06 h 00
Pascal Piéjak souhaite une mise en route du spirite au début de l'année prochaine.
Pascal Piéjak souhaite une mise en route du spirite au début de l'année prochaine. (© D.R)

Bientôt, il sera peut-être possible d'acheter sa baguette de pain dans une boulangerie de la ville sans avoir à sortir le moindre centime d'euro ! Telle est, en tout cas, la finalité de ce projet que Pascal Piéjak, défend bec et ongles. Il n'est pourtant pas question pour lui de décréter la fin de la monnaie officielle. "Le spirite, explique-t-il, sera une devise complémentaire, utilisable dans les seuls commerces de Pont-Saint-Esprit". Pascal Piéjak est un peu le deus ex machina de l'association des commerçants Bouge ta ville. Il étrenne son argumentaire sous le regard parfois dubitatif de ses interlocuteurs.

Le lancement d'une seconde monnaie n'a pourtant rien d'exceptionnel. À Toulouse, les commerçants ont émis leur violette. Et ceux de Villeneuve-sur-Lot ont créé l'abeille. À l'instar de ces devises, le spirite aura vocation à freiner l'évasion de la clientèle locale vers des ailleurs plus attirants. Une récente étude de la chambre de commerce et d'industrie stipule à cet effet que 70 % d'actifs spiripontains travaillent hors zone de chalandise. Le spirite serait utilisé comme des bons d'achats ou des tickets restaurants.

"La mairie est prête à se porter caution"Le client pourra s'en procurer chez tout adhérent à Bouge ta ville. Il devra pour cela débourser 10 € pour obtenir un crédit de 11 spirites. La mise en route de cette devise est "souhaitée" pour l'année prochaine. Mais cette innovation a un coût. "C'est un projet à 100 000 €", déclare son initiateur. L'opération pourrait être financée par un emprunt contracté par l'association Bouge ta ville. Et aux dires de Pascal Piéjak, "la mairie est prête à se porter caution". L'investissement porterait sur l'acquisition du matériel informatique et d'un logiciel. Les commerces seront raccordés à un réseau privé municipal, "qui ne donne pas accès à internet pour le grand public". Une borne wifi sera installée dans un local communal. Chaque enseigne devrait en revanche s'équiper. Il lui faudra dépenser 1 000 € pour acquérir un terminal, un lecteur de carte spirite et un écran d'affichage sur lesquels figureront de petites annonces et des publicités. Bouge ta ville entend solliciter une aide de la CCI. Interrogé sur cette question lors de son récent passage à Pont-Saint-Esprit, Henri Douais, président de l'instance consulaire a prudemment suggéré que l'idée soit mise en expérimentation. Encore faut-il, a-t-il ajouté, que Bouge ta ville "soit représentative de la majorité des commerçants".