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Comptabilité générale

X. 37. Les grandes catégories du bilan

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Maintenant que nous avons appris à préparer un compte de résultat et un bilan, il est important de prendre du recul et de regarder les documents dans leurs grandes masses, en particulier le bilan.

 

 

En effet, le compte de résultat est le plus simple à comprendre. C'est simplement, sur une certaine période, les ventes - les coûts pour générer les ventes.

Et n'oublions pas que les différentes lignes du compte de résultat représentent des valeurs, pas nécessairement du cash. Par exemple, une vente peut être à crédit, auquel cas une promesse arrive dans l'entreprise mais pas du cash.

 

 

Alors considérons le bilan suivant :

balance sheet

Les différentes lignes à l'actif et au passif nous sont maintenant familières. Si vous ne vous sentez pas encore à l'aise avec elles, vous devriez réviser les leçons précédentes.

Rappelons seulement que l'actif liste ce que l'entreprise possède.

Et le passif montre comment cet actif est financé. On parle aussi de structure de financement de l'entreprise.

 

 

Tout d'abord, quand nous étudions un bilan, il est utile d'en faire une représentation graphique en utilisant des boîtes de hauteur proportionnelle à chaque poste. Celui qu'on vient de voir comme une table aride de chiffres a la représentation graphique suivante :

balance sheet

Les capitaux propres s'appellent aussi, on l'a vu, la situation nette, ou la valeur nette. C'est le capital initial + la somme des résultats non distribués.

Nous avons représenté les deux catégories de dettes :

Quand on parle de dettes sans préciser, sauf exception on parle seulement des dettes financières.

Avec cette représentation graphique, nous avons une meilleure perception de l'importance relative des différents postes du bilan. (On se rappelle que chaque "poste du bilan" est le solde d'un compte.)

Nous voyons ici, à l'actif, que l'entreprise a plus de capital circulant (stocks, clients, cash et assimilé) que d'immos nettes.

Et au passif nous voyons que l'entreprise est financée principalement par ses capitaux propres (= valeur venant des actionnaires). Les dettes financières (appelées "dettes φ") ne représentent que 22% de la somme capitaux propres + dettes φ. En d'autres termes, l'entreprise n'est pas très endettée.

 

 

Capitaux employés. La somme [Capitaux propres + Dettes φ] est une des mesures importantes du bilan. Elle s'appelle les capitaux employés, abréviation CE.

Les CE sont représentés en rouge dans cette figure :

capital employed

Les capitaux employés représentent les fonds que l'entreprise a dû se procurer tout d'abord auprès du monde extérieur (puis aussi en autofinancement), et qui doivent être rémunérés.

Les dettes φ doivent être rémunérées avec les intérêts annuels versés aux prêteurs, selon un échéancier sur lequel prêteurs et emprunteur se sont accordés à la signature du contrat. Notez qu'il ne faut pas confondre les intérêts, qui sont une consommation et donc une charge annuelle, et le remboursement progressif du capital, qui lui débite peu à peu le compte d'emprunt.

Les capitaux propres doivent être rémunérés avec des dividendes versés aux actionnaires.

Il y a moins de contrainte avec les dividendes car ce sont les actionnaires (ou leurs représentants au conseil d'administration) qui décident de payer ou non des dividendes. Ce n'est pas une obligation, contrairement aux intérêts sur les dettes financières.

Même si l'exercice s'est achevé sur un profit, le conseil d'administration peut décider de le conserver dans l'entreprise. Dans ce cas il va accroître les capitaux propres. Ce n'est donc de toute façon pas de la valeur que les actionnaires abandonneraient. Ils ne la touchent simplement pas sous la forme de cash.

Observez que le choix de verser ou non des dividendes n'est pas directement lié au fait que l'entreprise ait fait un profit ou une perte durant l'exercice. Il est possible de verser des dividendes – que l'entreprise ait fait un profit ou une perte – du moment qu'il y a de l'argent dans la [caisse + banque] quand elle voudra faire le versement. Certaines entreprises essaient de verser des dividendes réguliers à leurs actionnaires, même quand les résultats nets d'une année sur l'autre ne le sont pas. D'autres, à l'inverse, ne paient jamais de dividendes car leur valeur boursière est en croissance, ou car elles produisent un rendement substantiel sur les bénéfices conservés. Par exemple, de 1986, quand elle a été introduite en Bourse, jusqu'à 2006, Microsoft n'a versé aucun dividende à ses actionnaires.

Pour résumer, la partie importante du passif, représentant le financement "avec un coût" de l'entreprise, est les capitaux engagés. Ils financement partiellement les actifs. Le reste du financement est gratuit, provenant du crédit que l'entreprise obtient naturellement de ses fournisseurs.

 

 

Fonds de roulement. Nous venons de voir que le financement de l'entreprise (c'est-à-dire de ses actifs) est assuré par les capitaux engagés (CE) plus le crédit gratuit.

Habituellement les CE sont supérieurs aux immos nettes. Et nous disons que les CE financent les immos nettes plus une partie de l'actif circulant.

Le fonds de roulement (FdR) est par définition les capitaux engagés - les immos nettes. Il est montré en vert ci-dessous :

working capital

Dans ce bilan le fonds de roulement est de 250.

Notez que ça n'a pas réellement de sens de dire que telle ou telle partie du passif finance telle ou telle partie de l'actif. Ce qui est vrai est que

total de l'actif = total du passif

 

Il est cependant d'usage courant de dire que les CE financent les immos nettes et une fraction du reste de l'actif.

Il est naturel d'appeler cette fraction au delà des immos nettes le "fonds de roulement", car c'est une partie des capitaux employés qui finance une partie de l'actif circulant, lequel "tourne", "roule" ou "travaille" (en anglais, fonds de roulement = working capital, capital qui travaille) par opposition aux immobilisations qui "ne tournent pas".

La terminologie en comptabilité est souvent un peu confuse. Cela a une explication historique : elle a été inventée au XIIIe et XIVe siècles au moment de l'arrivée de la numération arabe en Europe occidentale. A cette époque les représentations mentales des nombres, des valeurs et de leurs mouvements n'étaient pas encore très fermes. Ainsi on pouvait dire que les capitaux engagés finançaient les immos nettes plus de FdR – ce qui est en vérité aussi absurde que de dire que parmi ces deux pièces d'un euro (l'une frappée en France et l'autre aux Pays-Bas) finançant ces quatre chupa chups, la pièce française finance les chupa chups à l'orange et à la fraise, et la néerlandaise ceux à la rhubarbe et au cassis.

Les images de mouvements matériels pour les mouvements de valeur persistent encore de nos jours en comptabilté et en monnaie, créant toute sorte de confusions regrettables, et parfois bien pire : création de la désastreuse monnaie unique.

Le fonds de roulement peut être négatif. C'est généralement une situation dangereuse pour l'entreprise, car cela veut dire que l'actif circulant (qui est plus liquide que les immos) est plus petit que le "passif circulant" (= dettes gratuites) généralement "dû bientôt" (si on assimile les dettes gratuites aux dettes dues bientôt, ce qui est presque correct).

Nous en dirons plus sur la notion de liquidité et sur la comparaison entre l'actif circulant et le passif circulant dans la leçon suivante.

 

 

Lors de la création de l'entreprise, ou juste après, quand nous avons dépensé notre capital et les fonds éventuels empruntés au départ, mais avant que les opérations aient commencé, le passif est entièrement formé des capitaux engagés, et l'actif est entièrement fait des immos et de l'actif circulant nécessaire pour commencer les opérations (terrains, bâtiments, machines, stock, et argent dans la caisse).

Nous voyons donc que lorsque nous créons une entreprise nous devons prévoir suffisamment de capital (de la part des actionnaires et de prêteurs initiaux éventuels) pour financer non seulement les immobilisations, mais aussi l'actif qui va "circuler" : les stocks et le cash, et bientôt les promesses clients demandant du financement. Cette part de l'ensemble des actifs s'appelle l'actif circulant.

Plus tard, quand nous aurons accès au crédit founisseur, le fonds de roulement deviendra seulement les capitaux engagés - les immos nettes (c'est-à-dire seulement une partie du passif - les immos nettes).

Quand les opérations commencent, nous commençons, il faut l'espérer, à faire du profit. Mais le profit n'est pas nécessairement du cash. Il est possible de faire des ventes seulement à crédit, et donc du profit seulement "papier".

 

 

Pour terminer cette leçon sur les grandes catégories du bilan, regardons encore une fois l'impact sur le bilan de l'opération la plus basique de l'entreprise : la vente d'un article avec un bénéfice.

Supposons qu'au temps t le bilan soit le suivant :

balance sheet

(En bleu, à l'actif, nous avons : 100 de stock, 160 de papier clients, et 70 de cash et assimilé.)

Regardons une opération unique : nous sortons du stock un article qui a pour nous une valeur de 50, et nous le vendons pour 120 cash. Nous faisons donc un profit élémentaire de 70. Bien sûr ce n'est pas réellement le "compte de résultat" correspondant à cette opération, puisqu'il y aurait d'autres coûts que nous omettons.

Quel est l'impact sur le bilan ?

Réponse :

balance sheet

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