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Le siège de la banque Bear Stearns à New York le 17 mars 2008

Bear Stearns: la SEC enquête sur des transactions suspectes

21 mars 2008

NEW YORK (AFP) — Le régulateur boursier américain enquête sur la suite d'événements ayant conduit à l'effondrement de la banque Bear Stearns, jugeant notamment suspecte la hausse des contrats d'options de vente pariant sur une chute précipitée du cours, affirme jeudi le Wall Street Journal.

La Securities and Exchange Commission (SEC), qui craint un délit d'initié ou la propagation de fausses rumeurs, s'intéresse à une brusque augmentation des options de vente, constatée quelques jours avant l'annonce du rachat de Bear Stearns par JP Morgan, selon le WSJ citant des sources proches du dossier.

La SEC n'a pu être jointe pour confirmation.

JP Morgan a accepté dimanche de racheter Bear Stearns pour seulement 278,5 millions de dollars, soit 2,32 dollars par action, alors que le cours était encore de 30 dollars le vendredi.

Une option de vente permet à l'acheteur de s'assurer de vendre un certain nombre d'actions à un prix fixé d'avance et à une certaine date, ce qui lui permet de parier à la fois sur une hausse ou sur une baisse du cours.

Les opérations inhabituelles sur Bear Stearns ont commencé dès le 7 mars, et augmenté la semaine suivante alors que se multipliaient les rumeurs sur les problèmes de liquidités de la banque, malgré les déclarations rassurantes du PDG de la banque Alan Schwartz les 10 et 12 mars.

Le nombre d'options de vente a bondi la semaine dernière de 167.439 lundi matin à 465.820 le lundi suivant, contre 155.000 la semaine précédente, selon l'institut de recherche Schaeffer's Investment Research.

Jeudi dernier, juste avant que Bear Stearns ne reçoive des financements en urgence de JP Morgan Chase et la Fed, plus de 20.000 contrats d'options ont été passés qui pariaient sur une chute des cours à 20 dollars dans les 9 jours, selon Schaeffer's, un pari surprenant puisque l'action était encore à 50 dollars le lendemain matin, vendredi 14 mars.

Les actions Bear Stearns ont ensuite plongé juqu'à 26,85 dollars, avant de terminer à 30 dollars vendredi soir.

Quelques fonds spéculatifs ont réalisé de grosses plus-values dans cette quasi-faillite, comme Harbinger Capital Partners, Greenlight Capital, Tremblant Capital Group et Paulson, affirme le WSJ.

Ainsi Harbinger Capital, un fonds de 19 milliards dirigé par Philip Falcone, un ancien de Barclays Capital, détenait des positions courtes sur la banque depuis l'été 2007 jusqu'à lundi dernier. Entre temps l'action a chuté de 150 à 5 dollars.

M. Falcone, tout comme John Paulson du fonds Paulson, sont des clients de Bear Stearns, souligne le WSJ. M. Paulson a autrefois travaillé chez Bear.

David Einhorn, le dirigeant du fonds Greenlight, a exprimé publiquement depuis l'automne ses inquiétudes sur des firmes comme Lehman Brothers et Bear, et encaissé des plus-values quand leurs actions ont chuté, ajoute le quotidien.

D'autres comme Tremblant Capital, avaient des options de vente sur Bear, qui ont été débouclées vendredi et lundi. Un fonds appelé Jane Street Capital, basé à New York, possédait le plus d'options de vente de Bear Stearns fin 2007, ajoute le WSJ.

 

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