La croissance française a été molle en 2005, inquiétudes pour cette année

10/02/2006 13h52

L'évolution trimestrielle du PIB français
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PARIS (AFP) - La croissance a été molle en 2005, avec une fin d'année plombée par le ralentissement de la consommation des ménages, ce qui suscite des interrogations sur la capacité de la France à rebondir et à respecter ses engagements européens.

Le Produit intérieur brut (PIB) a progressé de 0,2% au quatrième trimestre 2005, et de seulement 1,4% sur l'ensemble de l'année dernière, selon une estimation précoce communiquée vendredi par l'Institut national de la Statistique et des études économiques (Insee).

(Rappel des prévisions et déclarations de Jean-Pierre Raffarin en octobre 2004.)

Le consensus des économistes tablait sur 1,6% et le gouvernement assurait encore à la mi-janvier que le chiffre serait compris entre 1,5% et 2%.

En outre, le commerce extérieur a enregistré un déficit record de 26,459 milliards d'euros sur l'année, tandis que la production industrielle reculait de 0,3% en décembre.


Evolution du solde des échanges français
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Le Premier ministre, Dominique de Villepin, a relativisé ces mauvais résultats vendredi, en affirmant que "tout indique que la croissance est solidement repartie en ce début d'année". Lors d'un déplacement à Toulon, il a cependant reconnu que le chiffre de 1,4% était "plus faible qu'attendu".

Le ministre des Finances, Thierry Breton, s'est voulu lui aussi rassurant en affirmant qu'il tablait toujours sur une croissance 2006 comprise entre 2 et 2,5%. "Tous les indicateurs (...) nous confirment que nous serons en 2006 entre 2 et 2,5%", a-t-il affirmé à l'AFP.

Pourtant, certains économistes ne partagent pas cet optimisme. "Les espoirs nés des comptes du troisième trimestre, où la croissance avait atteint 0,7%, ont été douchés", commente Nicolas Bouzou, directeur des études économiques chez Xerfi.

M. Bouzou explique que le recul le plus important est à attribuer à l'automobile, les constructeurs ayant baissé la cadence dans les usines. Il note surtout que l'économie française, qui pâtit de problèmes structurels, n'a pas profité de la forte croissance mondiale en 2005 qui s'est élevée à 4,3%.

La progression décevante du PIB "est en grande partie due à une consommation plus moribonde qu'attendu, à un investissement encore poussif et à des exportations certes en hausse mais beaucoup moins que les exportations", renchérit-t-on chez Natexis Banques Populaires.

"Dans ces conditions et même si M. Breton s'emploie avec force pour trouver quelques milliards ici ou là, le déficit public ne devrait pas passer sous la barre des 3% du PIB en 2005", affirme Natexis. Le pacte de stabilité et de croissance européen impose des déficits publics maximums de 3% du PIB.

Pour Marc Touati, chef économiste de Natexis, les chiffres publiés vendredi confirment que la reprise constatée depuis quelques mois reste "très fragile". Il estime que la croissance du PIB français atteindra "difficilement" les 2% en 2006.

Il y a urgence à créer des emplois car les ménages ne pourront pas s'endetter éternellement, observent encore les économistes.

"Dans ce cadre, le CNE (contrat nouvelle embauche), le CPE (contrat première embauche) et autres mesures allant dans ce sens sont devenus indispensables et permettront peut-être d'éviter une nouvelle croissance zéro pour l'emploi", suppute ainsi M. Touati, alors que la polémique fait rage autour de ces dispositions du gouvernement Villepin.

L'économie semble faire face à un triple problème, conclut Nicolas Bouzou: des comportements "défensifs" des entreprises qui se traduisent par une frilosité à investir, un taux de chômage qui reflue "trop lentement" pour soutenir les revenus des ménages et empêcher des coups de mou périodique de la consommation, et un commerce extérieur qui enlève de la croissance à la France.